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« C’est sur les rails qu’est notre destinée. »
 
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 Morning mist [ Kid ; Libre ]

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Solal Thorfrid
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Solal Thorfrid


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Localisation : Gare du Nord

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MessageSujet: Morning mist [ Kid ; Libre ]   Morning mist [ Kid ; Libre ] EmptyVen 4 Mar - 18:08

C'était l'heure juste avant l'aube. Le froid et la pénombre s'enroulaient encore au fond des ruelles, entre les hautes tours de la Gare du Nord. Pas une âme ne traversait les allées grises ; tout était silencieux. Bientôt, avec la lumière et la chaleur, la vie reviendrait dans les artères de la Gare ; les matinaux se lèveraient, on moudrait le café, on tremperait le pain dans le lait, on se souhaiterait une bonne journée, la voix pâteuse et les yeux embrumés. Mais pour l'instant et pour une petite heure encore, tout restait calme, figé dans le bleu de la nuit.

Solal n'était pas dans son bureau. Les chandelles de celui-ci restaient éteintes, les grandes baies vitrées donnant sur l'entrée des mines ne reflétant que les ténèbres opaques d'une pièce sans vie. La jeune femme – elle se faisait de moins en moins jeune, mais pour toujours une trentaine juvénile marquerait ses traits – vivait littéralement dans l'enchaînement de cabinet de travail, de bibliothèques et d'archives qui constituaient son office.
La journée, celui-ci bruissait du pas feutré et des discutions à voix basse des membres de son équipe. Les lampes à huile y brûlaient souvent jusqu'à tard, mais toutes se trouvaient éteintes à ce moment-là. Les cuivres des comptoirs ne reflétaient rien, les épaisses teintures n'étouffaient aucun bruit. Tout semblait presque mort, immobilisé dans le temps et l'espace, dans l'attente qu'un rayon de soleil ou qu'un éclat de voix ne trouble leur profond sommeil.
La chambre de Solal était de taille moyenne, un logement sans prétention meublé sobrement. Une organisation stricte et une nette propreté y régnaient. Mais Thorfrid n'y était pas non plus ; ni au secrétaire à la serrure trois fois cadenassées, ni sur le petit lit aux couvertures si bien tirées, et pas même sur le rebord de la fenêtre, un livre à la main.

La blonde avait ses petites habitudes et, à ces heurs-ci, on la trouvait plus volontiers en compagnie des gardes de nuit qui effectuaient leur dernière ronde. Elle ne se mêlait pas à eux incognito, bien entendu ; mais elle se faisait oublier, les suivant sans mot dire, admirant le travail des rats d'attaque, plus gros que des chiens-loups, et la vigilance consciencieuse de leurs maîtres. Il ne lui échappait en rien qu'ils participaient, eux aussi, à l'édifice précaire qu'elle tentait d'instaurer. La banque n'avait pas encore toutes les fonctions que Solal aurait aimé lui voir avoir ; mais une sécurité drastique était une première étape qu'elle ne saurait négligé.
Une fois les gardiens relevés par leurs confrères du matin, la Gérante poursuivait son rituel en allant déjeuner à la boulangerie de la Gare. Il ne faisait toujours pas jour, bien que l'horizon s'éclaircisse, et elle passait près des puits devant lesquels se regroupaient déjà les équipes de nuit, autour de brasero de fortune, pour un dernier contact social avant de donner la pioche à ceux de l'équipe de jour. La brume se levait déjà dans la vallée en contre-bas, signe d'une journée grise et humide.

Ses pas se poursuivaient dans les rues glacées jusqu'à une petite placette où étaient regroupés quelques commerce : une épicerie, une boucherie, une papeterie et deux-trois autres. Ce matin-là, la pâtisserie relevait à peine son rideau lorsque Solal passa récupérer son petit-déjeuner habituel. Elle avait beau toujours payé son dû, les commerçants s'acharnaient à lui offrir plus que ce qu'elle commandait. Cette fois-ci, elle se retrouva l'heureuse bénéficiaire d'un mini-croissant et d'un muffin supplémentaires. Cela finirait par la perdre, Nulle Part ne possédant pas encore la technologie nécessaire à un combat médicamenteux contre le cholestérol. La blonde alla s'asseoir sur un des bancs de la petite place, où des albatros pas plus gros que son poing vinrent picorer les miettes qu'elle laissait consciemment s'échapper. S'ils étaient-là, se disait-elle tous les matins, c'est qu'il devait bien y avoir une mer, quelque part. Une mer pleine à craquer de planctons gros comme des baleines. Elle aurait aimé voir ça.
Les albatros miniatures n'étaient pas les seuls à picorer l'espace. Du coin de l'œil, Solal pouvait distinguer un homme qui s'affairait. Elle commençait à connaître la plupart des gens du coin mais résista à la tentation de lui coller l'étiquette « étranger, de passage ». C'était peut-être un nouveau. D'ici, elle ne voyait pas les traits de son visage, mais elle pouvait ressentir sa nervosité, son sentiment de ne pas appartenir au coin.
La blonde n'était pas une samaritaine, mais il était encore tôt et son appétit d'oiseau ne viendrait à jamais du surplus de pâte feuilleté que contenait son petit sachet de papier-gras. Elle s'apprêtait donc, avec la rigueur qui la caractérisait, à tenter de faire une bonne action.
Se relevant, elle s'approcha de l'homme, nota son air un peu hirsute, les yeux brillants derrière la tignasse fauve et se permit de l'interrompre.

« Bonjour. Est-ce que vous cherchez quelque chose ? Je peux sûrement vous aider. » Son ton n'était ni chaux, ni apaisant, ni vraiment amical ; Solal avait travaillé l'indifférence comme art de vivre.
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Kid
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Kid


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MessageSujet: Re: Morning mist [ Kid ; Libre ]   Morning mist [ Kid ; Libre ] EmptySam 5 Mar - 23:32

    Enroulé dans un gilet récupéré dans les hautes herbes, Kid sillonnait les rails en boitillant, le regard perdu dans le vague. Doucement, péniblement, il se remémorait, un sourire aux lèvres, l’intitulé de la mission – la première depuis son retour ! – qu’on lui avait confié. Infiltre la Gare du Nord, qu’on lui avait dit, d’un ton froid, d’un ton rêveur, la nuque courbée sur des papiers que Lowe ne pouvait qu’entrapercevoir, posté à l’entrée du wagon, tendu, nerveux, remonté à la façon d’un ressort. Kid n’avait pas vraiment l’habitude, de voir les Capitaines ou leurs seconds, pas vraiment l’habitude, non plus, que l’on s’adresse directement à lui. Et pourtant le second avait redressé la tête et lui avait lancé un sourire sans joie, la joue appuyée contre le creux de sa main. Crois-moi, qu’il lui avait dit, si on avait eu le choix, ce serait pas à toi qu’on aurait demandé. Mais là y a personne, tu vois, avait-il ajouté en haussant les épaules, s’appuyant contre le dossier de la chaise avec un sourire amusé, alors il faudrait que t’ailles préparer le terrain à la Gare du Nord, petit. Okay ? Lowe n’avait rien dit. Lowe avait cligné des yeux. Et puis il avait enfoncé ses mains profondément dans les poches de son pantalon de toi élimé et avait tourné le dos au second, partant à grand pas vers ses appartements. Deux heures plus tard, Kid était parti, son sac sur le dos, ses bottes en cuir remontés jusqu’aux genoux. Et qui vivra verra.

    Il avait mis deux jours à atteindre la Gare du Nord, se fondant comme d’un rien à un groupe de saltimbanques itinérants dont le lieu de chute se situait à proximité. Il leur avait offert à manger et, malgré la suspicion, on ne lui avait pas posé de questions, le surveillant du coin de l’œil sans plus lui chercher de noises, laissant l’inconnu apathique dans son coin. Silencieux comme il l’était, on l’avait vite considéré comme un élément du décor, sans consistance et sans présence propre, juste un peu plus lent que la moyenne, un peu moins sociable aussi. Il leur avait semblé un peu bizarre un petit moment et puis, lorsqu’il avait tranché d’un coup sec les pattes d’une fourmi qui avait fait mine de les attaquer, il n’avait plus été considéré que comme un membre à part du groupe. C’est comme cela qu’il était arrivé, cahin-caha, au petit matin à la Gare du Nord, fourbu et épuisé, les joues creusées par la faim et les vêtements souillés. Il n’était pas beau à voir, Kid, sûr que non, mais, plus que jamais, malgré la nervosité qu’il dégageait en présence de Sédentaire, il ressemblait à ses Nomades qui finissent par échouer dans les gares, dépenaillés et intrigants au possible.

    Il s’était faufilé dans la gare en silence, détaillant du bout des yeux les détails de l’architecture, en mémorisant les moindres détails avec attention, cherchant à graver un maximum de choses dans sa mémoire pour être sûr de remplir sa mission. Il savait bien qu’il ne pouvait pas prendre de note, ça paraîtrait suspect aux yeux des habitants qui, déjà, se pressaient dans les rues, accordant des regards froids à l’étranger. Oppressé, il manqua de sursauter violement en entendant une voix féminine dans son dos. Elle s’adressait à lui et, déjà, le pirate ne pouvait s’empêcher de se dire que cela sentait terriblement mauvais. Il prit cependant une inspiration brève et, souriant d’un air qui se voulait dégagé, se tourna vers la blonde et lui tendit la main, comme machinalement, pour la saluer.

    « Bonjour Madame », murmura-t-il avec un sourire nerveux. « Enchanté. »

    Il ne l’était pas vraiment, en fait, mais des résidus de politesse que sa mère avait eut tant de mal à lui inculquer s’accrochait parfois à ses lèvres avec pugnacité, plantant leurs petits ongles emplis de politiquement correct dans chaque fibres de son être.

    « Il se trouve » reprit-il avec un semblant d’assurance. « Que je viens de subir une attaque de fourmis et que je cherche un endroit où loger quelques jours avant de reprendre la route… »

    Ce n’était pas réellement crédible, et il le savait. Il n’aurait pas pu, tout seul, battre plusieurs fourmis. Et s’il en était capable, si cette femme jugeait qu’il en était capable alors c’en était fini de lui : il serait considéré comme dangereux et elle serait d’autant plus suspicieuse, ça lui faisait froid dans le dos.

    « Vous êtes Solal, n’est-ce pas ? » C’est ça, Kid, rend-toi plus suspect encore. Il se reprit : « Mes compagnons de route m’ont parlé de vous. Votre réputation s’étend à tout Nulle Part. Une si belle femme… » Compliment pernicieux. Sourire. « Et une poigne de fer. Ça en étonne beaucoup. »

    Et si tout ce qu’il racontait n’était pas vrai, il n’en restait pas moins qu’on l’avait longuement briefé sur les têtes pensantes de la Gare du Nord. On lui avait dit de se méfier d’elle, de se méfier surtout d’elle.

    Et il s’était jeté dans la gueule du loup. Au temps pour lui.
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Solal Thorfrid
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MessageSujet: Re: Morning mist [ Kid ; Libre ]   Morning mist [ Kid ; Libre ] EmptyMer 9 Mar - 13:32

L'inconnu aurait peut-être dû se peindre le mot « SUSPECT » sur le front, ou se promener avec une petite pancarte proclamant « ATTENTION, JE SUIS SUSPICIEUX ! ». Un chapeau mou aux larges rebords et un long manteau beige auraient peut-être été utiles, ainsi qu'une fausse moustache et des lunettes fumées. Cet attirail l'aurait certainement rendu moins douteux que son attitude actuelle, qui aurait rendu méfiant n'importe quel badaud un tant soit peu éclairé, qui d'ailleurs l'aurait sûrement dénoncé aux autorités de la Gare. Quelle efficacité, quelle coïncidence merveilleuse que l'autorité de la Gare n'ait pas eu besoin d'intermédiaire, et constatait de sa présence dès son arrivée !

Certaines auraient pu répondre « Ben voyons. Gardes, emparez-vous de lui ! », mais Solal ne mangeait pas de ce pain-là. D'abord, parce que les gardes les plus proches étaient à plusieurs centaines de mètres, ce qui ne faciliterait pas leur arrivée, et en suite, parce qu'il existait un concept étrange et irrationnel, appelé « présomption d'innocence », auquel elle voulait croire dur comme fer. Cela ne voulait pas dire que l'homme lui était sympathique. Cela ne voulait pas dire qu'il était tiré d'affaires. Et quelque était son noir dessein, cela ne voulait surtout pas dire qu'elle allait le laisser faire.

Mais avant d'être un bloc de glace, Solal avait été une femme, et les femmes savent généralement se sortir de ce genre de situation. Ses joues ne savaient plus rosir, mais sa main se leva et balaya le compliment dans les airs, dans un parfait geste de fausse modestie.
« On vous a sûrement menti. Je ne fais que mon travail. » Elle ne savait plus sourire, mais ses lèvres s'étirèrent en une fine ligne qui se voulait compléter le tableau. « Vous avez survécu à une attaque de fourmis ? C'est impressionnant. Vous devez avoir faim ; tenez, je ne comptais pas les manger. »
D'un geste lent, presque automatique, elle lui tendit le petit sachet en papier gras dans lequel reposait son excédent de viennoiserie.
« Venez, je vais vous guider vers un refuge. Suivez-moi. »

La blonde étendit le bras en direction des bâtiments de la Banque, où il y avait en effet quelques pièces réservées pour les nouveaux arrivants à Nulle Part. Elle prit bien garde à marcher au même niveau que l'inconnu, réglant son pas sur le sien. Ils croisèrent quelques groupes traversant comme eux les premières lueurs du jour. Mineurs harassés de fatigues, comptables matinaux, mais aussi sidérurgistes, forgerons, maçons, commerçants, coursiers... La Gare grouillait d'une vie riche et trépidante, et si elle se levait tôt, c'est probablement parce qu'elle ne dormait jamais.
« Vous connaissez mon nom, mais je n'ai pas le plaisir de connaître le vôtre. Vous devez être un grand guerrier. »

Tout en entretenant la conversation avec l'étranger, le cerveau de Solal tournait à plein régime. Une attaque de fourmis, hein ? Qui était-il ? Pas un nouveau, vraisemblablement pas. Plutôt quelqu'un d'assez bien renseigné, voire d'un peu trop bien renseigné – sans être Sédentaire de la Gare, voire un Sédentaire tout court. Les Sédentaires se déplaçaient généralement peu, d'où leurs noms, et ils se déplaçaient toujours en train. L'homme ne pouvait donc qu'être un Nomade... ou un Pirate. Solal espérait très sincèrement faire face au Nomade le plus vantard et le plus antipathique qu'elle n'ait jamais croisé.
La journée s'annonçait fraiche et pluvieuse, le temps usuel d'une saison froide qui se terminait. Sûrement le soleil brillerait... Ce n'était pas un bon jour pour condamner.


Dernière édition par Solal Thorfrid le Mer 22 Juin - 15:09, édité 1 fois
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Kid
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MessageSujet: Re: Morning mist [ Kid ; Libre ]   Morning mist [ Kid ; Libre ] EmptyJeu 14 Avr - 22:24

    La bouche de Kid se tordit en une grimace des plus théâtrales alors que le sac huileux se posait entre ses doigts. Pas que ça ne lui fasse pas envie, non, loin de là, la cuisine des Sédentaires était autrement plus élaborée que celle des Pirates mais son instinct de survie le poussait à la méfiance ; une méfiance brute, glaciale et impérieuse qui lui indiquait que manger cette pâtisserie en terre ennemie était sans doute la dernière chose après — juste avant venait « refuser de manger », la méfiance ne souffrait aucune contradiction. Il choisit donc l’étrange option de plonger la main dans le sac, jouant pensivement avec les miettes qui trainait au fond, l’air de franchement se demander ils allaient. Sauf que Lowe savait parfaitement où ils allaient et que, pour une fois, c’était l’adrénaline plus que la peur qui nouait ses muscles : ils traversaient la gare et ça l’arrangeait, il pouvait noter tous les détails utiles. Cependant la voix de Solal lui faisait froid dans le dos. Elle savait que quelque chose clochait et il savait qu’elle savait, alors qu’ils progressaient tout deux entre les bâtiments.

    Kid savait confusément que quelque chose clochait. Si Solal avait su qu’il était un pirate, elle ne l’aurait pas convié plus loin, il en était certain. Autrement dit, elle doutait. À lui d’être convaincant. Il lui avait sourit en la sentant ralentir pour s’adapter à son rythme, empli d’une gratitude factice qui cachait mal son irritation. Il détestait lorsque les gens faisait ça parce qu’invariablement, volontairement ou non, ils le renvoyaient à son handicap. Kid était capable de marcher vite. Il souffrait, évidemment, mais il en était capable. Il ne voyait pas pourquoi la majorité aurait à s’adapter à une minorité. Cela lui échappait même totalement. Ce n’était pas tant une intolérance qu’il aurait cultivé de lui-même, non. Plutôt une intolérance qui allait de paire avec son époque où, encore, l’égalité n’était qu’une notion vague et peu ou pas appliquée ailleurs que dans les textes de loi. En 1929, la guerre de Sécession était encore dans tous les esprits. En 1929, les émeutes de Stonewall n’étaient pas envisageables. En 1929, on commençait tout juste à voir voter les femmes. Enfant de son époque, il avait un mal fou à voir évoluer le reste du monde. Mais il ne disait rien. On ne pouvait s’opposer au progrès, après tout — même si le dit progrès lui semblait tout relatif.

    « Mon nom c’est Ink m’dame. Tout jeune nomade. » Sourire charmeur, clin d’œil, il s’écœure et surjoue, quand bien même ce n’est pas sa nature. Lowe donnerait son honneur pour sauver sa peau. « Je suis poète en fait. Spécialisé dans les lettres d’amour, les demandes en mariage… ‘fin vous voyez le genre. » Et il espérait bien qu’elle voyait, ainsi, pas de démonstration à faire. « On m’a dit que le coin était beau, quand je suis arrivé alors je viens proposer mes dons ici. ‘paraît que les filles sont jolies en plus. »

    Bonjour, je suis un piètre menteur et je m’appelle Kid. Non, sérieux, avec sa démarche de canard éclopé, il ne faisait qu’un pauvre séducteur. Sauf qu’il ne devait pas faire les choses à moitié. C’est pourquoi il se jeta à genou au sol, saisissant à la volée la main de Solal pour y déposer un baisemain tout ce qu’il y a de plus gracieux.

    « Ma douce », commença-t-il avec enthousiasme. « Votre présence me tient coi et m’ensorcelle, mon cœur tangue au son de votre voix, m’accorderez-vous votre présence plus longtemps ? »

    Petit papa noël, dieu du too much, monsieur Claude François — il ne le connaissait pas mais un français lui avait dit que c’était un peu une idole dans son pays — ayez pitié de lui, il faut à tout pris qu’il puisse mener à bien cette mission. Quand bien même il mourrait de honte, il irait jusqu’au bout. Foi de Kid.
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Solal Thorfrid
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Solal Thorfrid


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MessageSujet: Re: Morning mist [ Kid ; Libre ]   Morning mist [ Kid ; Libre ] EmptyMer 22 Juin - 20:50

Solal marchait du même pas égal, les rouages de son cerveau encore sous tension. Techniquement, elle ne paniquait pas – il n'y avait aucune raison de paniquer : elle était armée, les gardes étaient à proximité, l'homme avait l'air fatigué. Toute tentative stupide de la part de l'inconnu serait maîtrisée, contrôlée et sans conséquence. Mais la jeune femme était inquiète ; de cette inquiétude sourde et intangible, qui nous dit que quelque chose ne va vraiment, vraiment pas.
C'est ainsi qu'elle le conduisait, tranquillement, dans l’œil du cyclone. Quels que soient les étranges desseins de ce visiteur incongru, lui montrer l'intérieur des bâtiments vitaux de la Gare n'étaient pas une bonne idée ; mais ce n'était pas si grave, au fond, s'il ne repartait jamais en parler à ses complices, n'est-ce pas ? L'intérêt était de le neutraliser s'il s'avérait nocif pour la Gare ou la petite nation des Sédentaires. Thorfrid se moquait pas mal du reste.

Pour l'instant, il ne lui faisait pas l'effet d'un individu foncièrement dangereux. Il n'était pas assez avenant, pas assez policé pour présenter une menace immédiate. Ce n'était pas la première fois que la Gare accueillait des types un peu perdus – ou plutôt, un peu plus perdus que les autres – d'anciens Nomades, des gars qui ne savaient pas trop où ils étaient, où ils allaient, et parfois même d'où ils venaient. Il était bizarre, sale et dépenaillé ; son histoire ne tenait pas la route ; mais Solal avait beau s'en méfier, elle ne pouvait décemment pas le mettre sous les verrous parce qu'il ne semblait pas s'être un jour rasé.
Déjà, ce n'était pas son rôle, mais celui du Gouverneur ; en suite, si on arrêtait tout les errants, les vagabonds et les détraqués, on ne saurait juste plus où les mettre.

L'homme prétendait s'appeler Ink, être Nomade et se trouvait être une sorte de Don Juan un peu déglingué. Cela expliquait l'air à l'Ouest et la vantardise, mais l'instinct de Solal ne reconnaissait pas en lui le dragueur minable ou le coureur de jupons ayant perdu de sa superbe auquel elle aurait pu s'attendre. Qu'à cela ne tienne ; la petite comédie continuerait jusqu'à ce qu'ils atteignent le confort et la sécurité de la Banque, où elle saurait bien lui tirer les vers du nez. Et si ce n'était pas elle, ce serait les gardes. Elle ne comptait pas le maltraiter, c'était là contre l'humanisme bizarre qu'elle avait développé ; mais tout cela était trop louche pour être vrai.

La jeune femme en était là de ses réflexions lorsque – argh, intrusion dans le périmètre de sûreté – l'inconnu lui attrapa la main – intrusion, intrusion, intrusion – et lui fit un baisemain. Intrusion.
Retirant ses doigts comme si elle venait de se brûler, à la vitesse de l'éclair, reculant d'un pas et saisissant le pommeau de son épée dans un même mouvement, la réaction de Solal ne se fit pas attendre. Un instant de silence, infime et délicat, et la blonde réalisa qu'elle avait arrêté de respirer. Son visage s'était crispé, ses yeux s'étaient réduits à deux fentes d'un bleu de glace.
« Je ne supporte pas d'être touchée », expliqua-t-elle doucement, « … Ink. ».

Machinalement, elle délia les doigts qu'avait effleuré le Nomade. Cette décharge qui avait parcouru sa peau, cette sensation étrange, ce mélange d'angoisse et d'envie... Quel message lui transmettait son corps, qui depuis six ans n'avait été qu'une statue de glace ? Que venait-il de lui arriver ?
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