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« C’est sur les rails qu’est notre destinée. »
 
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 Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »

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2 participants
AuteurMessage
Sun
Bibliothécaire
Sun


Messages : 5
Date d'inscription : 22/01/2011

Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »  Empty
MessageSujet: Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »    Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »  EmptyDim 23 Jan - 0:37

S E D E N T A I R E


Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »  14-110 Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »  107-110

— What of all the things that you taught me ?

  • Identité : Susan, Mary Cordell.
  • Surnom : Sun. Ou Sunny.
  • Âge : 18 ans.
  • Métier : Bibliothécaire.
  • Gare : Gare de l'Est.


— What of all the things that you'd say ?

  • A l’intérieur ?

    « À l’amour, la gloire, l’argent, la loyauté, la justice, je préfère la vérité. »
    Into the Wild.

    - Papa, j’ai…
    - Tais-toi.


    Alors elle se tait et elle tourne les talons. C’est toujours comme ça. Toujours la même rengaine, le même agencement de mots répété inlassablement comme une vieille mélodie usée par le temps. Ses lèvres se scellent dans le silence. Elle a peur de parler. Peur de déclencher un nouvel accident. Elle se terre derrière ses barrières et essaie de ne pas être trop encombrante. De disparaître. Pour ne pas lui rappeler la mort de sa mère rien que par son visage ou par ses mimiques. Elle se contente de sourire à chacune de ses nouvelles, qu’elles lui plaisent ou non, de rester neutre face à la colère et d’étouffer ses larmes. Elle n’a pas le droit d’exprimer autre chose que ce que son père voudrait voir sur son visage. Et c’est pareil pour les autres. Pareil pour le monde. Parce qu’on ne sait pas ce qu’il pourrait se passer. Tout est bien trop incertain. Bien trop incomplet.
    Elle tente la perfection. Elle veut être la meilleure fille. La meilleure amie. La meilleure confidente. Elle se calque sur les fantasmes des autres. Avec lui, elle essaie d’être la plus sage possible. De ne pas le déranger. De s’éloigner du chemin sur lequel il a continué à avancer sans elle. Elle a perdu le droit à la parole depuis ce jour maudit.
    Parce que tout est de sa faute.
    Elle affiche des sourires resplendissants auxquels elle veut désespérément croire. Elle sait que c’est laid, que c’est moche à en pleurer, mais elle s’en fiche. Plus que la solitude, elle a peur qu’il ne l’abandonne définitivement. C’est la seule constante de sa vie : la peur. Peur d’être délaissée. Peur qu’il la rejette. Peur de ne plus être utile. Peur qu’il ne la renvoie. Elle se fiche de rester seule dans cette grande maison froide, du moment qu’elle sait que c’est la sienne.

    Et elle sourit. Encore et encore. Comme un automatisme. Elle sourit quand il lui dit qu’il ne rentrera pas alors qu’elle rêve de lui hurler dessus. Elle sourit quand il lui annonce que, finalement, il partira pour quelques semaines, alors qu’elle voudrait le supplier de rester. Elle sourit quand il lui déclare la venue d’une nouvelle femme dans la maison qui a abrité sa mère. Elle sourit parce qu’elle ne peut pas pleurer. Parce que c’est à cause d’elle. Et plutôt que d’avoir l’air triste à en mourir, elle préfère donner l’illusion. Elle dresse des décors suborneurs. Elle n’exprime aucune opinion, aucun avis, aucune demande. Un robot qui bouge, parle, mange, respire, et sourit sans interruption.
    Elle s’interdit tout caprice. Elle installe une politique de rigueur sur sa personne et veille à ce que nul ne flanche. Les cheveux toujours impeccables, les vêtements bien repassés, aucun faux plis. Tout doit être en ordre au bon moment. C’est comme ça qu’il l’aime. Elle se souvient qu’il lui hurlait dessus quand elle se présentait débraillée face à lui. Elle se souvient de ses sermons, de sa doctrine de la « jeune fille idéale ».
    Elle se conforme à ce qu’on attend d’elle, essaye de deviner les attentes et de devancer les demandes.

    « Si je te dis que je rêve de grands palais d’argent, que je me compare à cette princesse prisonnière, que je désire plus que tout m’enfuir très loin, est-ce que tu viendras me sauver ? Tu ne regardes personne. Alors moi je vis pour te servir. Je vis pour que te contenter, pour te rendre heureux et assouvir la moindre de tes envies. Tout ce que je te demande, c’est de ne pas m’abandonner. De ne pas me laisser. Peu importe si je dois demeurer seule pendant de long mois. Du moment que tu reviens, rien d’autre n’a d’importance. »

    Elle construit sa vie autour de quelques personnes. Vit par procuration. Se délecte de leurs fantasmes et s’en empare pour les faire siens. Toute sa personne ne tourne qu’autour de l’autre. « L’autre » en général. « L’autre » en particulier.

    « Ne me laisse pas. »


— What of all your prophetic preaching ?

  • Qu’est-ce qui vous a poussé à rester Sédentaires ? Personne ne lui a demandé de partir, tout simplement. On n'est pas venu la chercher pour l'enrôler chez les Mercenaires ou les Pirates, ou encore pour devenir Nomade.
  • Et ta vie, à quoi elle ressemblait, jusque là ?

    .


    « Je me suis approchée du précipice. Le soleil au-dessus de ma tête dégoulinait le long de mes joues, étincelante rivière dorée. Je n’avais pas peur. Je n’avais pas froid. Je n’avais pas faim. Je n’avais pas soif. J’étais bien, pour la première fois de ma vie. C’était comme si une torpeur moite s’était emparée de mon corps pour le faire sien. Je n’étais plus qu’un pantin dont les membres étaient reliés à d’étranges ficelles sur lesquelles tirait un marionnettiste au visage souriant et au regard perverti par les immondices qui composaient le précipice.
    En bas, il n’y avait rien. Juste la peur. Et la haine. J’ai lâché les miennes dans ce trou. Je m’en suis débarrassée comme on se débarrasse d’un sac d’ordures trop encombrant. Plus rien ne comptait. Je ne voulais plus voir les autres autour de moi, je ne voulais plus m’attacher à leurs prunelles pleines d’une répugnante patine d’envie et de pitié. Ils étaient tous moches et laids. Maintenant, j’étais enfin entière. »


    « Once you ruled my mind. »
    .


    - Tu as déjà regretté d’avoir épousé Papa ?
    - Pourquoi je le regretterais ?
    - Parce qu’il n’est jamais là !
    - Mais Papa a beaucoup de travail, tu sais ? C’est grâce à lui qu’on a une vie aussi confortable.


    Mais la demoiselle s’en fiche. Elle, elle voudrait que son père soit là. C’est un souhait égoïste. Un souhait de gamine. L’univers devrait tourner autour d’elle, pense-t-elle naïvement. Elle aimerait que tout soit parfait. Qu’il n’y ait jamais de disputes. Jamais de problèmes. Que Maman soit toujours heureuse avec Papa et que Papa arrête de passer toutes ses nuits enfermé dans son bureau. Elle voit Papa comme une princesse qui attendrait qu’on la délivre, prisonnière tout là-haut dans sa jolie cage dorée. Mais elle est trop jeune. Elle ne peut pas aider Papa. Comme elle ne peut pas faire revenir le sourire de Maman. Parce que Maman aussi, elle se sent seule. Il y a Susan. Mais ce n’est pas assez. Ce n’est pas la famille dont elle avait rêvé. La vie qu’elle espérait.
    Au final, rien ne sera jamais comme elles voulaient. Susan pleure son Papa trop absent et Maman redoute la fin de son mariage. Pourtant la fin n’arrive jamais. Parce que Papa aime beaucoup trop Maman et Susan.

    - Susan ! Il fait quoi ton Papa ?
    - Il attend que son prince charmant vienne le délivrer.
    - Pour de vrai ?
    - Oui ! Et son prince charmant c’est Maman. Mais Maman elle n’ose pas y aller.
    - Pourtant elle devrait. Il ne faut jamais laisser les princesses seules dans leur château. Elles finissent par mourir d’ennui.


    Alors elle a peur. Peur que Papa ne revienne jamais. Peur que Papa ne soit plus là. Peur que le bureau et les dossiers l’aient englouti. Mais il revient toujours, quand bien même ce soit dur, quand bien même il ait encore beaucoup de travail, il finit toujours par rentrer.
    Le démon de l’ennui ne l’a pas encore avalé.

    « I thought you'd always be there. »
    .


    - Tu ne décideras pas pour moi !
    - Je sais ce qu’il y a de mieux pour toi, Susan.
    - Et qu’est-ce qui te donne cette assurance ?
    - Mon expérience de la vie. Mes erreurs. Tu commettras les tiennes aussi, mais pas celle-là.
    - Ce n’est qu’une soirée !
    - Une soirée où tu finiras dans le lit de ce garçon, c’est ça ?


    Et elle claque la porte avec force. Une voix retentit, hurlant son mécontentement. Mais elle s’en fout. Elle se fout de tout. Elle se fout du monde et de chaque parcelle de l’univers. Elle se fout de ces yeux tristes qui se tournent sans cesse vers elle. Elle se fout ce qui pourrait arriver, que ce soit dans le présent ou dans l’avenir. Elle se fout de contracter la VIH ou une quelconque MST. Elle se fout de la marque de son écran plasma. Elle se fout de la grande maison dans laquelle elle vit. Elle se fout de toutes ces fringues de luxe qui polluent ses placards. Elle se fout de la vie. Parce qu’elle n’en a que faire. Rien n’a d’importance à ses yeux.
    Elle a 14 ans et elle vit sa première crise. Son premier amour déchu. Sa première déception. Elle a l’impression que la vie ne lui sourira jamais alors elle lui tourne volontairement le dos. Elle a la sensation d’être la plus malheureuse au monde, de ne rien avoir, d’être seule. Pourtant, sa mère est là. Toujours présente. Sa voix. Son odeur. Ses longs cheveux blonds quand les siens sont châtains. Ses grands yeux noisette face à ses iris bleutés. Sa mère, c’est son héroïne, sa reine, son ecstasy. Elle est belle. Elle a la peau blanche. Elle est parfaite.
    Et pourtant, à cet instant, elle la hait. Comme si sa décision de la priver de sortie était importante. Comme si l’injustice qu’elle personnifie à sa manière comptait plus que tout au monde. Alors elle lui tourne le dos sans savoir. Elle lui hurle qu’elle la déteste. Qu’elle ne l’a jamais aimée. Qu’elle n’est pas sa mère. Elle s’acharne à vouloir lui faire mal, à défaut de pouvoir se rabattre sur son père, bien trop absent pour réellement compter. Elle est persuadée d’être dans le vrai, d’avoir raison sur tous les points. C’est sa vie. Sa merde. Elle ne regrette rien.

    Ses pas la portent jusque dans la rue. Les larmes roulent le long de son visage lui brouillant la vue. Elle n’entend rien. Sourde aux reproches, muette face aux accusations. Elle laisse les autres juger sa destinée avant de s’en détourner totalement. Nulle ne la contrôlera. Faire l’inverse de tout ce qu’on lui dit lui plaît. Elle ne suivra aucun chemin. Aucune qualification pré-requise pour vivre en société. Elle se forgera son propre univers pour échapper à celui-là, trop despote et trop vil à son goût. Elle a besoin de temps. Besoin de ces précieuses secondes qui lui échappent et tournoient autour de sa tête. Elle s’imagine que sa psyché branlante se chargera de tout ce qui l’agace. Que rien ne pourra jamais arrêter sa folle ascension.
    Et c’est pour ça qu’elle coure. Toujours plus loin. Les ruelles se ressemblent. Ses yeux ne voient plus. Elle se coupe de tout pour mieux retomber dans sa réalité. Au loin, elle entend une voix qui crie son nom, mais elle ne se retourne pas. Elle ne veut pas la voir. Pas maintenant. Les minutes défilent à son compteur du temps. Elle essaie désespérément d’échapper à la voix. De s’en défaire. De se convaincre qu’elle n’en a pas besoin.

    Bruit d’une voiture qui dérape. Crissement de pneus. Et puis le silence.

    La voix s’est tue. Il n’y a plus rien. Juste ce silence oppressant qui compresse chacun de ses membres et tord ses poumons dans une lente agonie. Elle n’ose pas se retourner. Inconsciemment, elle sait déjà ce qu’il s’est passé. Elle le devine aux pas alertes, aux mouvements de foule dans son dos, à la sirène de l’ambulance qu’elle pressent au loin.
    Tout à coup, elle a peur. Elle se retourne lentement. Trop lentement. Et il n’y a plus rien. Juste un vide qui aspire chaque cellule de son corps, chaque nerf, chaque organe. Néant qui s’engouffre partout et rafle tout sur son passage. Ne reste que les regrets et la culpabilité.
    C’est de sa faute.
    Tout est de sa faute.
    Si elle n’avait pas quitté la maison. Si elle ne s’était pas énervée. Et les « si » ne la ramèneront pas. Les « si » ne lui feront pas remonter le temps tandis qu’elle se précipite sur le corps ensanglanté, le supplie de ne pas partir, de ne pas la quitter. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

    « La vie humaine est semblable à un chemin dont l'issue est un précipice affreux. On nous en avertit dès le premier pas ; mais la loi est portée, il faut avancer toujours. Je voudrais retourner en arrière. Marche ! marche ! Un poids invincible, une force irrésistible nous entraîne. Il faut sans cesse avancer vers le précipice. Mille traverses, mille peines nous fatiguent et nous inquiètent dans la route. Encore si je pouvais éviter ce précipice affreux ! Non, non, il faut marcher, il faut courir : telle est la rapidité des années. On se console pourtant parce que de temps en temps on rencontre des objets qui nous divertissent, des eaux courantes, des fleurs qui passent. On voudrait s'arrêter : Marche ! marche ! Et cependant on voit tomber derrière soi tout ce qu'on avait passé ; fracas effroyable ! inévitable ruine ! On se console, parce qu'on emporte quelques fleurs cueillies en passant, qu'on voit se faner entre ses mains du matin au soir et quelques fruits qu'on perd en les goûtant : enchantement ! illusion ! Toujours entraîné, tu approches du gouffre affreux : déjà tout commence à s'effacer ; les jardins moins fleuris, les fleurs moins brillantes, leurs couleurs moins vives, les prairies moins riantes, les eaux moins claires : tout se ternit, tout s'efface. L'ombre de la mort se présente ; on commence à sentir l'approche du gouffre fatal. Mais il faut aller sur le bord. Encore un pas : déjà l'horreur trouble les sens, la tête tourne, les yeux s'égarent. Il faut marcher on voudrait retourner en arrière ; plus de moyens : tout est tombé, tout est évanoui, tout est échappé. »
    Jacques Bénigne Bossuet, Sermon pour le jour de Pâques.

    « They say that you've passed away. »
    .


    - Quel malheur. Elle était si jeune.
    - On la regrettera.
    - Toutes mes condoléances.
    - Il paraît qu’elle tentait de rattraper sa fille.
    - … Une dispute. Encore.
    - C’est le lot de tous les adolescents.
    - Une voiture l’a heurtée de plein fouet. Elle n’a pas eu le temps de souffrir d’après les médecins.


    Elle aurait aimé leur dire de se taire. De ne plus parler. Coudre leurs lèvres pour les sceller à tout jamais. Mais elle n’ose pas. Elle garde la tête baissée pour ne pas croiser de regards accusateurs, pour ne pas avoir à affronter la tristesse de son père.
    C’est de sa faute. Et elle sait que le pardon ne lui sera pas accordé, peu importent ses efforts. Elle sait que son père ne s’en remettra jamais et que, derrière ses demi-sourires, il cache sa rancœur. Tout est de sa faute. C’est de sa faute si elle est morte. C’est de sa faute si elle n’a pas su se tenir à l’écart. C’est de sa faute si elle ne s’est pas arrêtée, si elle n’a pas fait marche-arrière, si elle ne s’est pas retenue de claquer la porte pour gagner la rue. La voiture ne l’aurait jamais fauchée. Elle serait encore là. Avec eux. Et la dispute aurait été bien vite oubliée. Elle aurait pu lui dire combien elle l’aimait. Elle aurait pu effacer toutes les horreurs qu’elle avait proférées à son encontre. Elle aurait pu faire table rase et recommencer.
    Mais là, ses dernières paroles resteront éternellement un « je te déteste » qui lui retourne le cœur. Même si elle sait que sa mère connaissait la vérité. Même si elle savait que ce n’était pas vrai. Rien ne changerait. Les choses resteraient en état.

    Ses mains se tordent pour tenter d’effacer la douleur. Pour essayer d’en faire abstraction. Elle n’a pas le droit de pleurer. Pas le droit d’afficher la moindre émotion. Elle se doit de rester neutre pour ne pas faire peser un peu plus sur ses épaules le poids de la disparition de sa mère. Alors elle se tient bien sage pour la première fois de sa vie, aux côtés de son père, dans la triste robe noire qu’on lui a préparée pour cette journée. Elle ne regarde pas vers le cercueil. Ses yeux évitent à tout prix la photo qui trône au sommet et elle ignore les quelques mots griffonnés sur une carte aussi moche que déplorable.
    Les gens passent, mais elle ne leur accorde pas un regard. Elle a hâte que tout se finisse. Elle a hâte de se forcer à croire que son père lui a pardonné son geste. Elle a hâte d’arrêter d’espérer voir sa mère franchir le seuil avec un grand sourire en lui annonçant que ce n’était qu’une plaisanterie idiote. Elle a hâte de quitter cet endroit. Elle a hâte de s’éloigner de ce corps froid qui abritait sa mère. Mais la journée s’étire et s’éternise. Elle prend un malin plaisir à s’allonger pour retourner le couteau dans la plaie. Elle étouffe. Comme si de longs doigts s’étaient emparés de ses poumons pour les serrer jusqu’à l’explosion. Quand son calvaire prendra-t-il fin ?

    La main de son père se pose sur son épaule, comme une marque de réconfort. Mais elle se rétracte. Bêtement, elle a peur de prendre un coup. Elle ne l’a pas encore regardé en face depuis l’accident. Et elle n’ose toujours pas. Quelle est la prochaine étape ?

    - Dire qu’on ne la reverra plus. On a bavardé ensemble il y a quelques jours… Je n’arrive toujours pas à y croire.
    - J’ai l’impression d’être en plein cauchemar.
    - Elle qui était si souriante.
    - Une tragédie.
    - Un drame.
    - Ca n’aurait pas dû se produire.
    - Injustice.


    Taisez-vous !

    « And I'll always hold on to your face. »
    .


    - Papa, je…
    - Attends un peu, Susan.
    - Mais je.
    - J’ai du travail.


    C’est toujours la même rengaine. Toujours la même excuse, inlassablement répétée. Ça l’ennuie. Il ne veut pas lui adresser la parole. Il a honte de la regarder tout comme elle prend soin de ne pas tourner ses yeux vers lui. Elle vit quasiment toute seule dans cette grande maison que son père déserte au maximum. Chaque pièce lui renvoie un souvenir différent, reflet brisé d’un présent qu’elle a détruit toute seule. Elle s’est elle-même condamnée au poids des regrets. A l’incertitude des sentiments. Et elle a constamment peur. Peur que son père ne l’abandonne définitivement. Peur qu’il ne la laisse. Peur qu’il ne lui dise de s’en aller.
    Alors elle se tait. Même quand il n’est pas là. Parce que, plus que la solitude, elle a peur d’être rejetée. Elle est sage. Elle tente de lui plaire par tous les moyens. Elle est prête à tout pour se faire pardonner. Ne serait-ce qu’un peu. Même si elle sait qu’elle en demande trop, elle essaye encore et encore avec acharnement. De bonnes notes. Deux ans d'avance à l'école. Des études de médecine à peine entamées. Elle s’évertue à être la fille parfaite. A correspondre au moindre de ses désirs, à chacune de ses attentes pour qu’il la félicite au moins une fois. Pour qu’il déclare qu’il est fier qu’elle soit sa fille.
    Mais les félicitations et les sourires ne viennent pas. Il a trop de travail. Il ne peut pas. Il n’a pas le temps. Il a une réunion importante. Un voyage d’affaires.

    Et puis elle arriva. A peine trois ans plus tard. Avec ses longs cheveux noirs et son petit sourire parfait. Avec ses grands yeux innocents et ses mains de porcelaine. On aurait dit une poupée. Elle aurait aimé que ce ne soit qu’une lubie. Une passade. Quelque chose pour tromper l’ennui et l’amertume de leur réalité.

    Une bague. Comme si rien n’avait jamais compté. Comme si sa mère n’avait jamais existé. Elle regarde et écoute cette annonce avec dégoût. Cet anneau la révulse, lui donne la nausée. Elle veut fuir au loin. Mais elle n’ose pas. La dernière fois qu’elle s’est détournée. La dernière fois qu’elle a laissé libre cours à ses sentiments, sa mère n’y avait pas survécu. Alors elle se tait. Alors elle les félicite avec son plus beau sourire. Elle retient ses larmes, comme depuis trois ans. Elle tente d’oublier. De se convaincre que c’est mieux ainsi. Elle essaie de comprendre son père et d’accepter au mieux sa décision.
    Mais elle n’y arrive pas. Elle se force à chaque nouveau jour. Elle regarde de loin la vie qui est en train de se dérouler sous ses yeux comme un mauvais film. Elle a l’impression de ne plus vraiment être là.

    Tout ça, ce n’était qu’un cauchemar. Un horrible cauchemar. Elle allait se réveiller. Il fallait qu’elle se réveille. Vite.

    « But everything changes in time. »
    .


    - Susan, je suis enceinte.
    - C’est merveilleux, non ? Tu vas avoir une petite sœur.
    - C’est magique.
    - On l’appellera Sun !
    - Le rayon de soleil qui va illuminer nos vies.


    Sa tête tourne. Elle n’en peut plus. Son père reconstruit sa vie loin d’elle. Elle n’est plus rien. Elle n’a pas sa place dans cette nouvelle famille. Mais elle continue de sourire. Accueille cette nouvelle avec toute la joie qui s’impose. Se force à être heureuse. Tant qu’il ne la rejette pas, tout ira bien.

    - Au fait, Susan. On a pensé à te prendre un appartement en ville. On s’est dit que ça te ferait plaisir de quitter cette maison pour vivre seule. Tu as l’âge maintenant.

    Son esprit se fracasse contre un rocher qu’elle ne parvient pas à briser. C’est fini. Il n’y a définitivement plus rien. Plus de famille. Tout est brisé. Elle a tout cassé. Pourquoi ? Son cœur ne suit plus le rythme imposé. Son cerveau est comme désinhibé. Pourquoi ? Elle accepte. Elle n’est déjà plus là.

    - En fait, pour te dire la vérité, l’appartement est déjà prêt. Tu peux y emménager dès aujourd’hui !

    Sun va la remplacer. Elle n’est déjà plus sa fille. Alors elle quitte cette maison pour gagner un appartement situé tout en haut d’un gratte-ciel. C’est elle, maintenant, la princesse prisonnière. Son père a su se libérer. Elle n’est plus rien. Sun a pris sa place. Ce bébé qui n’est même pas encore formé.
    Elle gagne le balcon de sa nouvelle existence. Ses yeux se posent sur la ville en bas. Elle ne veut plus rien. Tout ce qu’elle désirait, elle se l’était enlevée.

    Le sol se rapproche à toute allure. Son appartement lui semble déjà bien loin. Sa tête frappe le bitume froid. Et puis plus rien. Aucune douleur. Aucune sensation. Elle a juste le temps d’entendre un hurlement avant de sombrer dans le noir.

    « The answers are not always fair. »
    .


    - Tiens, tu es toute seule ?
    - Je…
    - Aah. Nouvelle arrivante, je me trompe ?
    - Euh.
    - T’en fais pas. Comment tu t’appelles ?
    - Su… Sun.
    - Alors bienvenue, Sun ! Ceci est ton nouveau monde.


    Elle ne comprend pas. Elle ne comprend rien. On lui parle de gares. De rails. De mercenaires et de pirates. Est-ce un conte de fées ? S’est-elle endormie ? Puis on lui dit que, si elle est ici, c’est parce qu’elle s’est perdue à un moment de sa vie. Elle ne sait pas si elle est morte ou si elle en a réchappé et erre à présent dans les méandres d’un coma dont les affres lui semblent plus doux que la réalité. Elle s’installe à la Gare de l’Est et se reconvertit bibliothécaire. Parce qu’on lui a demandé. Parce que quelqu’un a désiré qu’elle le soit.
    Elle est Sun. La vraie Sun n’a pas eu le temps de la remplacer. C’est son seul et unique caprice.
    Et elle enferme son vrai nom à double-tour. Susan est morte. Seule Sun a le droit de vivre.

    .


V O U S


Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »  Pikach10 Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »  Thclic10

  • Pseudo : Sun.
  • Âge : Majeure, m’sieurs dames.
  • Depuis quand faites-vous du rp ? Bientôt 6 ans ? Je crois.
  • Disponibilité : Assez faible, mais j’essaierai d’être là le plus souvent possible.
  • Avez-vous lu le règlement ? Done.
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Sun
Bibliothécaire
Sun


Messages : 5
Date d'inscription : 22/01/2011

Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »  Empty
MessageSujet: Re: Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »    Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »  EmptyDim 23 Jan - 17:56

    J'ai terminé.
    J'espère que je n'ai pas fait d'erreurs ;o; !
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Destin
Admin ●● PNJ.
Destin


Messages : 109
Date d'inscription : 28/11/2010

Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »  Empty
MessageSujet: Re: Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »    Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »  EmptyDim 23 Jan - 20:44

Je t'aime ;A; Je. Bref.
Je te valide tout est parfait. Tu peux aller jouer. *sort les mouchoirs*
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https://railway.forumactif.org
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Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »  Empty
MessageSujet: Re: Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »    Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »  Empty

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Sun, « I’m not Superman, I’m Supertramp and you’re Superapple. »
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